3.09 – L’horlogerie suédoise

Dernière révision : 2022-08-09 @ 06:05

3.09.1 – Quelques grands manufacturiers suédois

AB URFABRIKEN (ABU)

Carl Borgström de Svängsta était amateur de pêche et un ancien employé de la Halda Fickursfabrik. À la dissolution de cette dernière en 1920, il achète une partie de la machinerie et l’inventaire de pièces et de montres. Il entreprend avec d’autres anciens employés de la fabrique, la production de montres de poche jusqu’en 1926. Il ajoute alors la production d’équipements pour la pêche. Ceux-ci finiront par prendre toute la place et la compagnie deviendra ABU Svängsta puis ABU Garcia, de nos jours propriété d’une compagnie américaine, la Pure Fishing.

AKTIEBOLAGET SVENSKA ELEKTRISKA URFABRIKEN (Manufacture d’horloges électriques suédoises)

L’horloger Hjalmar Andersson crée une manufacture d’horloges électriques murales, à Stockholm en 1899, mais la production cessera après une année seulement.

(KRANG ANDERS) ANDERSSON

K. A. Andersson (1727-1799) aurait été le premier horloger de Mora, et le principal horloger suédois à fabriquer des horloges de parquet Mora, sans doute le plus prolifique. Il signait le cadran de ses horloges, comme c’était la coutume, de son nom et de sa ville.

(J. P.) BRANT AB

Dans les années 1930, la J. P. Brant AB de Stockholm, est une société de production en gros d’horloges de type rococo très ornées, sous la marque Union, fruit de la collaboration de sculpteurs sur bois, de doreurs et d’horlogers. La suite se concrétisera par la fondation de la Urfabriken Union-Stjärnsund (voir plus loin).

(L. M.) ERICSSON AND COMPANY -> AKTIEBOLAGET L. M. ERICSSON AND COMPANY

Lars Magnus Ericsson (1846-1926), formé comme technicien télégraphique, et un ami, Carl Johan Andersson, ouvrit en 1876 un petit atelier près de Stockholm spécialisé dans la réparation d’équipements télégraphiques. En 1878, ils ont commencé à fabriquer des téléphones, mais la concurrence avec les chefs de file dans le domaine comme AT&T a été difficile. Néanmoins, en 1883, Ericsson s’est associé à l’ingénieur Henrik Tore Cedergren qui venait de créer une compagnie de téléphone, l’Allmä-a Telefonaktiebolag (SAT). Cedergren achetait alors tous ses téléphones de la compagnie Ericsson. Bientôt, ils ont été vendus à travers l’Europe, et leurs téléphones muraux sont devenus si célèbres qu’ils ont été qualifiés de « modèle suédois ». En 1896, Ericsson a incorporé sa société sous le nom Aktiebolaget LM Ericsson & Company. Outre des téléphones dont c’était le principal produit dans la première moitié du 20e siècle, Ericsson a aussi fabriqué des horloges électriques synchrones de table et murales, de même que des ensembles d’horloges électriques maîtres et réceptrices dont certaines avaient des pendules en bois et d’autres des pendules en métal invar. On sait qu’Ericsson a enregistré la marque Farad aux États-Unis en 1910 auprès de la U.S. Patent & Trademark Office. Les horloges murales électriques Ericsson sont recherchées, et les prix sont dans les centaines de dollars.

EXACTA

Exacta est un fabricant de mouvements d’horloges, de boîtiers et de pièces, établi en 1945 à Malmö, Malmöhus. La firme a aussi fabriqué des horloges complètes avec son nom sur le cadran.

GUSTAVIAN MORA CLOCKS

Les horloges Mora sont des horloges de parquet à poids caractérisées par leur forme plutôt féminine si on les compare aux horloges grand-père traditionnelles toutes droites. Elles mesurent entre 180 et 240 cm (6 à 8 pieds). Leur production s’est étendue des années 1700 jusqu’au milieu du 19e siècle principalement dans le village de Mora, d’où leur nom, situé dans la province de Dalarna dans le nord de la Suède. Des horloges dites Mora ont aussi été produites dans le sud de la Suède quoique leur style ait été quelque peu différent.

HALDA FICKURSFABRIK -► HALDA FICKURSFABRIK A. B. -► A B HALDA FABRIKER

La Halda Fickursfabrik (fabrique de montres de poche) a été fondée à Svängsta en 1887 par Henning Hammarlund (1857-1922). Sa première montre, la Haldauren a été mise en marché en 1889. L’année suivante, la compagnie, avec l’ajout d’investisseurs, est devenue la Halda Fickursfabrik, A. B. Puis, elle a ajouté à sa production des minuteries spécialisées pour signaler automatiquement la fin d’une communication téléphonique interurbaine. Par la suite, en 1902, elle s’est mise à fabriquer des taximètres qui ont remplacé en Suède tous les taximètres de fabrication étrangère. Ceux-ci se sont aussi vite répandus en Europe grâce à des manufactures affiliées en Russie, en Italie, en Norvège, au Danemark et à Londres où Hammarlund a dirigé The Halda Taximeter Company Ltd. Les taximètres étaient loués plutôt que vendus, et Halda en assurait le service. Le fondateur voyant le marché des montres de poche s’éroder à l’aube de la première guerre mondiale, il s’est mis à envisager la fabrication de machines à écrire. En 1917, à la suite de difficultés financières, la fabrication de montres a cessé graduellement jusqu’à la liquidation de la compagnie en 1920. Celle-ci a alors fait place à la création de la A B Halda Fabriker pour les machines à écrire, et de la Fabriks AB Haldataxametern pour les taximètres. La fabrication de montres de poche a repris sous l’impulsion d’un horloger de l’usine de montres de poche qui a créé la AB Urfabriken (ABU). En 1927, la AB Halda Fabriker fait faillite, et renaît sous Halda AB qui finira par fermer ses portes.

HALDA WATCH CO.

En 2009, un entrepreneur et ingénieur, Mikael Sandström, achète les droits sur la marque Halda et crée la Halda Watch Co. à Tullinge en banlieue de Stockholm, un fabricant de montres de luxe toujours en opération.

HOLMIA OR SKANDIA

La Karlsborg Ammunition Works de Stockholm produira de 1949 à 1951 des horloges murales de marque Holmia ou Skandia.

(B. S.) HUTTNERS A. B.

La B. S. Huttners de Göteborg, est une fabrique d’horloges murales des années 1940 vendues sous la marque RUNA H. Les mouvements étaient fabriqués par la Westerstrand Urfabrik AB de Töreboda, la Halda de Halmstad ou même par Junghans d’Allemagne.

(G.W.) LINDEROTH URFABRIK

Cette fabrique a été fondée en 1844 par Gustaf Wilhelm Linderoth (1816-1871) à Stockholm. Celui-ci avait repris l’atelier de réparation d’un horloger au 28 Drottninggatan Street à Malmström. Le jeune Linderoth était allé en Angleterre, en Suisse et en Allemagne pour y étudier le marché des montres et horloges, pour revenir à Stockholm, des projets plein la tête. Il a commencé à fabriquer des montres de poches, puis des pendules, des horloges murales et de parquet, de même que des chronomètres, probablement les premiers à être mis au point en Suède. En 1853, à la suite de l’incendie du Château de Tullgarn, il reçût du roi Oscar I le contrat de construction d’une horloge de tour pour le nouveau château. C’est à ce moment-là qu’il décide de se consacrer à la production d’horloges de tour pour de grands édifices. À sa mort, en 1871, il en aura construit plus de 500. Sa femme Betty (1822-1900), elle aussi horlogère, probablement l’une des premières en Suède, poursuit le travail de son mari avec son fils Johan G. qui reprendra la compagnie en 1872. En 1924, son fils adoptif, Lars Linderoth, prend la suite et cesse la production d’horloges de tour et de tourelles, car le marché n’existe presque plus. Il fermera la manufacture en 1942. À sa mort en 1948, sa femme Viran reprendra la direction de l’entreprise, mais celle-ci devra fermer ses portes en 1963.

ROBOT URET

Sture Örtenblad, un ingénieur suédois lance en 1951, après cinq années de développement le Reflexuren, une horloge de table capable d’allumer et d’éteindre des appareils électriques qui lui sont branchés selon un programme hebdomadaire. À l’époque, les horloges minuteries ne pouvaient être programmées que pour 12 heures. Le Reflexuren a été mis en marché par la compagnie Robot Uret.

SKANDINAVISKA URFABRIKS AKTIEBOLA (Manufacture d’horloges scandinaves)

Cette compagnie suédoise a produit une série expérimentale de 1000 horloges à Aby, Östergötland de 1918 à 1921.

STJÄRNSUND MANUFAKTURVER

Christopher Pollhammar connu surtout sous le nom de Christopher Polhem (1661-1751) est un scientifique, un inventeur et un industriel de Suède. Très jeune, il s’intéresse aux mathématiques et à la mécanique. Il savait qu’il lui fallait apprendre le latin pour réussir. Il a donc pris des cours auprès d’un vicaire, en échange d’une horloge qu’il lui fabrique. Sa réputation et ses talents d’horloger se répandent rapidement. En mai 1700, Polhem s’établit à Stjärnsund où il met sur pied une manufacture d’objets domestiques, surtout des horloges. Quelques bons horlogers travaillent avec lui dont Per Nilsson Trång et Mats Matsson Grusell et, en 1725, Anders Polhammar, neveu de Christopher Polhem. Anders construit une nouvelle usine où il introduit de nouveaux outils et de nouveaux designs d’horloge. En 1737, le feu détruit presque toute la ville de Stjärnsund, incluant la manufacture. Elle sera reconstruite au milieu du 18e siècle, et on y produira des montres de très grande qualité. Mais à la fin du siècle, la production de montres est à son plus bas, et il ne reste dans l’usine qu’un seul employé, l’horloger Carl Johan Trång, un descendant de Per Nilsson Trång, qui était actif durant presque toute la première moitié du 19e siècle. Mais en 1846, il déménage dans la ville voisine. Au début du 20e siècle, de nouveaux propriétaires de la manufacture de Stjärnsund tentent de reprendre la production d’horloges avec Johannes Goude, un horloger qui tenait boutique dans sa maison de Stjärnsund. En 1906, la direction ouvre donc à ses frais un atelier de fabrication d’horloges. Vers 1927, de nouveaux propriétaires, the Fagersta Group, prennent la relève, et Gould choisit de quitter pour fabriquer lui-même des horloges de façon artisanale à Stjärnsund.

STIERNSUNDS-UR ROBERT GOUDE

À la fermeture de la Stjärnsund Manufackturverk (Stjärnsund est la nouvelle écriture du nom de la ville qui à l’origine s’appelait Sund, puis Stiernsund) l’un des machinistes, Johannes Goud, décide d’ouvrir un nouvel atelier et de fabriquer des montres et des horloges d’après les designs de Polhem. De nos jours, l’atelier semble toujours en activité sous la direction d’un descendant de la 3e génération des Goudes, Robert. Il produit une vingtaine de montres à la main par année.

SVENSKA URDEPOTEN -► AB SVENSKA URDEPOTEN (ASU)

En décembre 1923, Otto Arvid Jansson, 25 ans, fonde la ASU à Malmö. Au début, elle vend par commande postale des montres bon marché et des pièces en annonçant dans les journaux et magazines. En 1927, elle devient compagnie limitée et ajoute AB devant le nom et crée la marque ASU avec l’acronyme de celle-ci. Elle ouvre un premier magasin en 1930 à Malmö, et par la suite plusieurs autres y compris un atelier pour les pièces de montres et les outils de fabrication. Au fil des ans, d’autres boutiques ont été ouvertes dans plusieurs villes. Petit à petit, en plus de ses produits, la compagnie a ajouté des montres de marques plus connues comme Nivada, Rolex, Borel, etc. En 1930, elle s’est mise à fabriquer des montres en utilisant des mouvements allemands insérés dans des boîtiers fabriqués en Suède. En 1945, elle a commencé la production de montres complètement suédoises en ouvrant la fabrique Exacta. Les années d’après-guerre furent florissantes avec l’exportation de pendules vers les Amériques, le Portugal et la Belgique, l’addition d’autres manufactures et de compagnies en Norvège et en Finlande. Elle publia même le magazine mensuel Urnyheter entre 1945 et 1972. Mais finalement, elle a dû se résigner à fermer plusieurs magasins et boutiques, si bien qu’en 1983, il ne resta plus qu’un seul magasin à Malmö et une seule boutique à Lund, puis seulement le magasin de Malmö qui fermera finalement ses portes en 1993.

TÖREBODA UR A. B.

Lorsque Westerstrand fit faillite (voir plus loin), un groupe de six employés a repris la partie mécanique de la compagnie, et a poursuivi la fabrication d’horloges, de montres et de pièces de rechange pour les horloges originales de marque Westerstrand. De nos jours, le groupe continue de vendre à des horlogers et à des acheteurs privés. Leur bureau et leur manufacture sont situés à Norra Västergötland entre Vänern et Vättern.

URFABRIKEN UNION-STJÄRNSUND

L’usine horlogère Union-Stjärnsund était un effort pour produire en série un nouveau pendule mural de haute qualité dans les années 1940, basé sur les anciennes traditions de l’époque de Christopher Polhem. J. P. Brandt de Stockholm contacte les horlogers Johannes et Bertil Goude à Stjärnsund pour leur demander de développer un mouvement de qualité digne des boîtiers rococo dorés que sa compagnie avait conçus. Ces deux horlogers demandent des brevets pour les mouvements qu’ils ont mis au point. Brandt décide de lancer une nouvelle usine à la fin de 1943, sous le nom de Urfabriken Union-Stjärnsund qu’il installe dans un ancien presbytère de Stjärnsund, devenu de nos jours le Musée Polhem. Les années suivantes sont consacrées au montage de l’usine et à la fabrication des prototypes de telle sorte que la production en série d’horloges murales ne commencera qu’en 1946. Brandt orchestre une véritable campagne de marketing avec l’aide d’une agence de publicité qui produit un petit livret rappelant l’origine de l’histoire de l’horlogerie dans la ville, et un dépliant. On organise même une conférence à Hedemora qui célèbre son 500e anniversaire, qui réunira des horlogers du pays et des représentants de la Suisse. En 1946, Bertil Goude quitte son emploi et retourne à sa pratique artisanale d’horloger dans la tradition de Polhem. En 1947, la nouvelle usine de Brandt devient à responsabilité limité sous le nom d’Urfabriken Union-Stjärnsund AB avec lui comme principal actionnaire. En 1948, il déménage à Hedemora dans de plus grands locaux. En 1949, le style rococo cède la place à un style plus moderne et moins orné, et on commence à développer une horloge de parquet. L’entreprise connaît des problèmes de rentabilité dans les années 1950 et elle devra fermer en 1960. Elle aura produit plus de 12 000 pendules de quelque 90 modèles différents et quelques horloges de parquet. Vers 1970, un particulier achète ce qui reste de l’usine et l’inventaire de pièces et d’horloges, mais la rentabilité n’est toujours pas au rendez-vous, et la faillite s’imposera en 1984.

WESTERSTRAND URFABRIK – A-B WESTERSTRAND & SONS, URFSABRIK

Horloge Westerstand
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Yngve Westerstrand ouvre en 1906, un atelier d’horloges à Töreboda, Skaraborg où il produit des tourelles, des horloges de gardiennage, et en 1936, des horloges murales et de parquet. En 1941, une nouvelle manufacture est construite à Skövdevägen où on produira des minuteries electro-magnétiques industrielles de même que des carillons pour les grandes horloges publiques. En 1944, la compagnie devient une société à responsabilité limitée sous le nom de AB Westerstrand & Sons, Urfabrik. En 1946, la production de montres était dans les 50000 exemplaires. En 1950, on y fabriquera brièvement des réveil-matin. Dans les années 1970, on a aussi importé des mouvements allemands sur lesquels on a gravé le logo de Westerstand avec le nom du pays d’origine. Après de multiples tentatives de diversification vers la fin des années 1950 et dans les années 1960 et 1970, dans les montres, téléviseurs, gramophones, radios, haut-parleurs et même des moulinets de pêche, la compagnie sera mise en faillite en 1983. Elle sera alors scindée en deux, l’une reprise par des employés pour y fabriquer des horloges murales et de parquet sous le nom de Töreboda Ur, l’autre partie reprise par Björn Johansson d’Örebro, qui y développera de larges panneaux d’affichage du temps et d’information pour la communication publique, industrielle, commerciale ou sportive, sous le nom de Westerstrand

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