Dernière révision : 2022-08-09 @ 06:10
4.06 – Matériaux du boîtier
Dans ce qui suit, nous allons aborder la matière dans laquelle un boîtier d’horloge est fabriqué, en la divisant en cinq grandes catégories :
4.06.1 – Matières ligneuses
Le bois a été utilisé aussi bien pour construire des mouvements d’horloge que des boîtiers. Dans la présente sous-section, il sera question des boîtiers d’horloges en bois.
L’utilisation du bois dans la fabrication de maisons, de bateaux, de meubles, etc. remonte à la nuit des temps. Les Égyptiens, il y a plus de 4000 ans, ont construit des maisons, des navires en cèdre. 1500 ans avant Jésus-Christ, ils ont inventé le placage (veneer) qui consiste en une mince feuille de bois collée sur une autre pièce plus épaisse constituant une base solide. On trouve même dans l’Égypte ancienne, l’équivalent du contre-plaqué (plywood) qui servait, entre autres, à la construction de cercueils de pharaon, celui-ci étant constitué de tranches de bois plus épaisses que le placage, collées les unes sur les autres. On trouve aussi le placage et le contre-plaqué chez les Romains, les Chinois et les Grecs.
La fabrication de boîtiers d’horloge est une spécialité de l’ébénisterie. En effet, les premiers boîtiers en bois étaient fabriqués à la main par des artisans ébénistes qui souvent, fabriquaient aussi des meubles, jusqu’à l’apparition d’outils industriels qui a permis l’automatisation de la fabrication des boîtiers au 19e s., de pair avec la fabrication de mouvements en bois, comme ceux de Eli Terry en 1806, au début de la Révolution industrielle. Il avait accepté de fabriquer 4 000 mouvements en bois. Pour les réaliser, il s’est équipé d’une machine à eau qui fournissait le pouvoir à des machines-outils capables de produire les pièces des mouvements très rapidement.
Plusieurs essences de bois ont été utilisées dans la fabrication des boîtiers d’horloge, autant des bois mous que des bois durs et semi-durs. Notons ici que la distinction entre bois durs et mous peut porter à confusion. Selon Nigel Barnes (2015), vaut mieux distinguer les bois de conifères que les botanistes appellent ‘gymnospermes’, bois au grain droit, résineux et porteurs de cocottes de la famille du pin ou du sapin, de toutes les autres espèces de bois qui ne sont pas des conifères, de la famille ‘angiosperme’, soit des arbres produisant des fleurs et des graines. Il convient aussi de distinguer les essences de bois utilisées en Amérique de celles utilisées en Europe.
La plus ancienne essence de bois à être utilisée dans sa forme solide fut le chêne, très populaire de 1500 à 1670, puis le châtaignier de 1600 à 1795, le noyer de 1580 à 1735, le hêtre à compter de 1628, l’acajou de 1735 à 1810, l’if de 1700 à 1880, le pin à compter de 1800, le palissandre du Brésil de 1800 à 1875 et le cerisier à compter de 1804. Le placage de ces essences pour la fabrication des boîtiers remonte pour la plupart au 18e s.
Il est difficile d’identifier l’essence du bois d’un boîtier car celui-ci a reçu la plupart du temps une teinture, pas nécessairement en accord avec l’essence du bois, sans compter les restaurations plus ou moins réussies de certaines horloges anciennes. Certaines horloges étaient fabriquées avec des bois mous comme le pin, mais recevaient une teinture ou un mince placage, comme le fini Adamantine par exemple. De plus, souvent les horloges étaient recouvertes d’un enduit protecteur comme le shellac ou le vernis, lequel fut inventé par deux Français, Robert et Étienne Vernis en 1730. Aussi, plus d’une essence de bois pouvaient être impliquées dans la fabrication d’un boîtier d’horloge ancienne. Enfin, toutes les horloges en bois ne sont pas faites de bois plein. En effet, beaucoup ont reçu des placages de bois (veneer). Il arrive souvent que le dos des boîtiers d’horloge aient été fabriqués avec des bois mous comme le sapin ou l’épinette, car moins coûteux. Notons enfin que les pièces des boîtiers d’horloges très anciennes étaient assemblées avec des clous en fer brut et de la colle souvent d’origine animale ou végétale. Les vis à fente droite servaient surtout à fixer au boîtier le mouvement ou le cadran.
La liste des essences de bois de boîtiers d’horloge qui suit n’est certainement pas exhaustive. Pour chacune, dans la mesure du possible, je donne un exemple d’horloge.
- 4.06.1.01 - Acajou
- 4.06.1.02 - Bois de rose
- 4.06.1.03 - Bouleau
- 4.06.1.04 - Buis
- 4.06.1.05 - Cerisier
- 4.06.1.06 - Chêne
- 4.06.1.07 - Ébène
- 4.06.1.08 - Bois ébonisé
- 4.06.1.09 - Bois peint en noir
- 4.06.1.10 - Épinette
- 4.06.1.11 - Érable
- 4.06.1.12 - Frêne
- 4.06.1.13 - Merisier
- 4.06.1.14 - Noyer
- 4.06.1.15 - Noyer cendré
- 4.06.1.16 - Pin
- 4.06.1.17 - Sapin
- 4.06.1.18 - Zabrano
- 4.06.1.19 - Syroco
- 4.06.1.20 - Bois laqué
- 4.06.1.21 - Bois mou non-identifié
- 4.06.1.22 - Bois dur non identifié
4.06.2 – Matières métalliques
L’utilisation du métal dans la fabrication d’horloges remonte au Moyen-Âge alors que les premières grandes horloges publiques apparaissent, en Italie vers 1309, en Angleterre en 1386 avec l’horloge sans cadran du clocher de la cathédrale de Salisbury, toujours fonctionnelle de nos jours, et en France vers 1389, avec l’horloge installée au-dessus d’une rue à Rouen, la première à sonner les quarts d’heure. C’étaient des horloges à poids dont la structure était en fer. En 1392, on installe dans la cathédrale de Wells une horloge qui sonne aussi les quarts d’heure, mais elle a un cadran qui affiche le mouvement des astres.
Les premières horloges domestiques remontent au début du 15e s. Elles étaient somme toute des versions miniatures des grandes horloges publiques. On ne peut pas parler alors de boîtiers qui contenaient le mécanisme, mais plutôt d’une structure squelettique laissant voir toutes les pièces de l’horloge, qu’on accrochait au mur ou qu’on posait sur une tablette ou un meuble. Celles-ci ressemblaient beaucoup aux horloges anglaises de type lanternes, mais sans le pendule qui est apparu au milieu du 17e s.
Voici une liste sans doute non exhaustive des matières métalliques les plus utilisées dans la fabrication des boîtiers d’horloge :
- 4.06.2.01 - Acier inoxydable
- 4.06.2.02 - Aluminium
- 4.06.2.03 - Argent
- 4.06.2.04 - Bronze
- 4.06.2.05 - Bronze doré ou dorure (Or moulu)
- 4.06.2.06 - Laiton
- 4.06.2.07 - Régule
- 4.06.2.08 - Or et dorure
- 4.06.2.09 - Métal doré
- 4.06.2.10 - Cuivre
- 4.06.2.11 - Chrome
- 4.06.2.12 - Nickel
- 4.06.2.13 - Placage de Nickel
- 4.06.2.14 - Fer-blanc peint
- 4.06.2.15 - Fonte noire
- 4.06.2.16 - Fonte bronzée
- 4.06.2.17 - Fonte peinte
- 4.06.2.18 - Fonte marbrée
4.06.3 – Matières rocheuses
Ce sont les Français qui, les premiers, ont utilisé le marbre ou l’albâtre poli pour produire des boîtiers d’horloge vers les années 1850. Les Américains vers la fin du 19e s. se sont entichés de ces horloges si bien qu’ils ont commencé à importer d’Europe des boîtiers qu’ils ont agrémentés de garnitures de métal en bronze, en laiton ou en régule. Puis par la suite, ils ont importé des panneaux entiers de marbre, d’albâtre, d’ardoise ou d’onyx pour fabriquer leurs propres boîtiers. Les horloges de cette époque sont de style architectural imitant souvent les temples grecs.
Voici une liste non exhaustive des matières rocheuses les plus utilisées dans la fabrication des boîtiers d’horloge :
- 4.06.3.01 - Albâtre
- 4.06.3.02 - Marbre
- 4.06.3.03 - Marbre noir
- 4.06.3.04 - Ardoise
- 4.06.3.05 - Onyx
- 4.06.3.06 - Malachite
- 4.06.3.07 - Matière rocheuse non-identifiée
4.06.4 – Matières plastiques
L’apparition du plastique dans les horloges est un phénomène qui remonte aux années 1850 avec l’invention des premiers plastiques, mais ce n’est qu’après la 2e guerre mondiale que le plastique s’est de plus en plus répandu dans la fabrication des boîtiers d’horloge, parce que beaucoup moins dispendieux que le bois, la porcelaine, le métal ou le marbre. Voici les variétés de plastique les plus utilisées dans les boîtiers d’horloge :
- 4.06.4.01 - Celluloïd™ (1870)
- 4.06.4.02 - Adamantine™ (1880)
- 4.06.4.03 - Bakelite™ (1909)
- 4.06.4.04 - Catalin™ (1927)
- 4.06.4.05 - Acrylique (1928)
- 4.06.3.06 - Plastique indéfini
4.06.5 – Autres matières
Bien d’autres matières que le métal, le bois, la pierre ou le plastique sont entrées dans la fabrication des boîtiers d’horloge ancienne. En voici quelques-unes :
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